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Cet indicible ailleurs…
“Lorsque nous nous immergeons dans un lieu qui nous submerge dans ce sentiment indéfini d’ailleurs, un trouble nous envahit au point que survient cette question : de quel côté de notre vie réside le rêve et de quel côté le réel trouve-t-il vraiment existence ?
Libre à nous de penser que le réel s’impose d’abord dans toutes nos obligations journalières auxquelles notre société nous soumet artificiellement et que notre plongée dans l’état primaire d’une nature est un rêve que nous ne parviendrons pas à maintenir dès le retour dans notre quotidien professionnel, urbain, et familial ; ou bien, libre à nous de penser que la civilisation dont nous nous sommes si temporairement extirpés, n’est qu’un rêve collectif fermé sur lui-même, en dérive autiste à l’égard du monde, et que oui ! Le Réel est bien dans cette poétique de l’insaisissable que nous respirons à la première effluve sauvage d’un paysage étranger à l’humain.
Libre à nous !
Malheureusement avec cette liberté nous n’avons eu de cesse de surévaluer le réel de nos préoccupations quotidiennes, et par voie de conséquence, de dévaluer ce qui peut nous relier à un réel bien plus fondamental ; un réel notamment perceptible dans cet indicible ailleurs qui survit en quelques dernières contrées sauvages, qui sanctuarisent encore en elles toute l’essence première du monde ; une essence depuis si longtemps dérobée de nos vies !”
Bernard Boisson : Nature primordiale ; Apogée, 2008